mercredi 21 juillet 2010

Trail du Caroux - 30 km

Le Caroux
Seule une nuit d’avant-course un peu perturbée m’a empêché d’être pleinement satisfait de ce WE de course, car tout le reste se déroula parfaitement.
Arrivé dès le vendredi soir dans le joli hameau de Mauroul, où j’ai habité quand j’étais âgé entre 3 et 4 ans et où ma tante et mon oncle ont maintenant une très belle maison, j’ai pu profiter du temps magnifique (quoique un peu venteux samedi) et de la région pour prendre doucement la température de ce trail du Caroux, de 30 km et de 2200 m de D+, qui se déroule dans un site au profil typiquement méditerranéen.
Une bonne grasse matinée le samedi (jusqu’à 9h, quel luxe !), une sieste de 2h l’après-midi ont tôt fait de me requinquer et d’effacer les stigmates de mon ascension du Pic Badet (3160) mercredi (1500 m de D+ dont une bonne partie en piolet/crampons et parcours de crête).
Eglise de Colombières
Je pars récupérer mon dossard à 17h30 à la salle de Mons-la-Trivalle. En plus du traditionnel tee-shirt technique (très beau par ailleurs) et d’une casquette estampillée « Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc », une bouteille de blanc nous est offerte pour nous remercier de notre participation. Bouteille que je m’empresse d’ailleurs de laisser à mes hôtes, en remerciement de leur accueil.
Tour Carrée de Colombières
Il est 17h45 et, comme j’ai du temps devant moi, je décide d’aller prendre quelques photos des environs. Direction Colombières qui se situe sur le parcours au km9 et où j’ai repéré sur la carte IGN une Tour Carrée remarquable. Je me gare à l’église, en prends quelques clichés et remonte les gorges par une piste qu’empruntera l’épreuve le lendemain. Arrivé à l’endroit où la piste laisse la place à un sentier, une envie me prend : « Et si, pour me donner du courage demain, je me laissais une marque de passage ? » Et voilà comment j’ai monté un cairn que j’espère retrouver lors du trail. Je redescends vers Colombières sans oublier de photographier la fameuse Tour Carrée.
La Tour d'Olargues
Il est 19h, j’ai encore du temps devant moi d’autant que je suis seul à manger le soir. Je m’arrête donc, sur la route vers Mauroul, à Olargues où je fais mon touriste de base : vieille rue aux allures médiévales, escalier de la Commanderie et Tour. Un cliché du Caroux et de la « femme couchée » !
De retour à la maison, après avoir soigneusement préparé mes affaires pour la course (gels, barres, pain d’épices, casquettes et couverture de survie –j’applique le règlement !- dans le sac) et appris le parcours par cœur, je me cuisine un bon plat de spaghetti à l’huile d’olive accompagné de deux tranches de jambons. Pour ne pas prendre de risques, mon dessert sera composé d’un simple dessert au soja ! De l’eau accompagne le tout.
Il est 22h, au dodo. Et là, comme dirait l’autre, c’est le drame ! Impossible de m’endormir ; moi qui ai pourtant cette faculté de tomber dans les bras de Morphée dès que j’ai la tête sur l’oreiller, je tourne et tourne et tourne encore dans le lit… Je vérifie que mon réveil est bien réglé pour 5h15 et finis enfin par trouver le sommeil…
Driiinnnggg, 5h15… Je me lève pour avaler mon petit déjeuner et me recouche aussitôt pour finir ma nuit. Le vent souffle fort encore. Cela promet.
Le départ du trail est à 8h, mes affaires sont prêtes et il me faut 1/4h pour me rendre à Mons : je me lève donc finalement à 6h45 et pars à 7h05 de Mauroul. Le vent est faible, la température bien fraîche mais le soleil déjà brillant.
Sur place, il y a beaucoup de monde. Je suis surpris mais cela est confirmé lors du briefing. Sur les deux courses de 21 et 30 km, le quota des 300 concurrents est atteint. On apprend tous également que quelques plaisantins ont cru amusant de débaliser le bon chemin au col de Bartouyre pour baliser un autre itinéraire sur une centaine de mètres. Heureusement que l’organisation veillait au grain ! Mais 7 minutes sont tout de même perdues au départ…
Le départ est donc donné à 8h07 et après quelques hectomètres dans Mons, nous prenons tous la direction des gorges d’Héric pour remonter le sentier des Gardes. Il paraît que de la passerelle des Soupirs qui traverse l’Héric (200) à la table d’orientation (1037), certains ne mettent que 40 minutes. Invités par l’organisateur à nous mesurer à ce temps, je déclenche donc mon chrono à la passerelle. Le sentier est très étroit, très raide et inconfortable. Pris dans la nasse, j’ai du mal à monter à mon rythme. L’un des concurrents m’empêche même volontairement de le dépasser arguant que « ca ne sert à rien » alors que j’ai l’impression d’être davantage collé à lui que son sac à dos. Au bout de 3 ou 4 lacets, j’y parviens non sans avoir essuyé au passage un petit frottement du genou de sa part… S’il y a un esprit trail, cela doit vouloir dire aussi qu’il y a un esprit qui n’est pas trail. Je sais maintenant à quoi cela ressemble.
Mais la raideur du sentier des Gardes fait tout de même son œuvre. Le peloton s’étire et je me retrouve au sein d’un petit groupe dont le rythme me convient, qui fait le trou avec ceux de derrière et qui, au niveau où l’on sort du bois (vers 850m d’altitude), rattrape et dépasse un groupe de coureurs.
La pente s’adoucit et l’on passe la table d’orientation. Je déclenche de nouveau mon chrono : 57’ pour grimper. Sur le moment je ne sais pas quoi en penser !

Sur le plateau
Le parcours est plat et au bout du plateau du Caroux, au Roc du Boutou, les deux épreuves se séparent : pour les 21 km, retour à gauche vers le col de Douch et la descente sur Héric ; pour les 30 km, descente à droite sur Colombières.
Tout de suite cette descente se révèle être très technique et assez scabreuse. Je me sens bien, et pour une fois, je double des coureurs. Pourtant le terrain est très piégeux et sollicite énormément les articulations et les cuisses du fait des dalles inclinées et des rochers. Un balisage approximatif sous le rocher de Sarrazine (à environ 800m d’altitude) fait s’égarer temporairement quelques uns mais j’ai la chance de suivre à ce moment un gars qui connaît bien le parcours. « P#@%, en plus je le connais le coin, ya deux ans on l’a même fait sous la pluie… » marmonne-t-il.
Gorges de Colombières
Une fois traversé le Ruisseau d’Albine, la roche devient moins présente, on passe des ruines (baraque de Caylus) et, peu de temps avant Colombières, le terrain est enfin plus roulant.
Cairn du courage
Mon oncle m’avait dit la veille qu’il essaierait de venir me voir passer au village. Je lui avais annoncé que j’y serais probablement entre 9h30 et 9h45. Et il est 9h45 quand j’atteins le ravitaillement mais lui n’est pas là ! Dommage, ça m’aurait bien encouragé de le voir avant la remontée dans les gorges de Colombières.

Un point de contrôle, deux verres d’eau et je reprends la route, en alternant marche rapide et course en petites foulées. La pente est douce mais la montée est longue… Puis je retrouve l’endroit où, la veille, j’avais construit un cairn. Il y est toujours ! De bon augure…
La montée des gorges est beaucoup plus souple que le Sentier des Gardes. Deux spectateurs assis sur un beau rocher le long du chemin nous donnent à notre passage notre classement. Visiblement, je suis en 56ème position à ce moment de la course.
Je me cale dans la foulée d’un gars qui tient un bon rythme. Ensemble, on en rattrape quelques autres qui, manifestement, peinent un peu. La vue sur le ruisseau en contrebas et ses magnifiques trous me font parfois me demander pourquoi, à cet instant précis, je ne suis pas en train de me baigner…
Malgré quelques ressauts, notre progression est régulière et nous arrivons ensemble au gîte de La Fage (2h30 de course). Un gros ravitaillement nous y attend. L’odeur des saucisse est prégnante mais je résiste ! J’avais de toute façon prévu d’y changer mes gels et d’y remplir ma poche à eau. C’est chose faite et après avoir avalé une tranche de pain d’épices et bu deux verres de coca, je repars. Mon compagnon de montée suit peu après mais il ne me rattrapera pas.
La montée se poursuit plein ouest, vers le Caroux, par le GR7. Les jambes répondent et je dépasse encore quelques coureurs dont l’un perclus de crampes. Il est à l’arrêt complet.
A proximité du sommet (30' depuis La Fage), le parcours est enfin roulant et l’on peut courir. Je franchis la Tourbière de la Lande sur des caillebottis. Les coureurs que je dépasse décrochent au fur et à mesure et je me rapproche de deux autres. L’écart se resserre et j’ai encore espoir de les rattraper. On passe ainsi devant le refuge de Font Salesse pour retrouver le bord sud du plateau du Caroux et redescendre vers Rieu Tort pour le traverser (j’en profite pour me rincer le visage et me rafraîchir les bras) et reprendre par une piste d’exploitation la direction du nord et le col de Douch. C’est dans cette montée que je dépasse l’un des deux concurrents qui me devançaient depuis le début du plateau. Il est visiblement très émoussé. Je rejoins vite le deuxième, qui sera en fait la troisième féminine au général. Un temps à la suivre puis à la faveur d’un faux plat, je lui fausse compagnie et bascule seul vers le col de Douch.
Quelques spectateurs nous encouragent, c’est toujours bon.
On retrouve ici le GR7 et, pour connaître cette partie du parcours, je sais que la descente est rude jusqu’à Héric. Je la fais seul : personne ne me rejoint et au moment où j’arrive sur un concurrent, nous sommes au hameau d’Héric. Cela me fait 3h45 de course. Je bois deux verres d’eau et je repars avec un petit peloton de 5-6 personnes dont la féminine qui a visiblement fait une bonne descente (en tous cas aussi « rapide » que la mienne !).
Très vite la montée au col de Bardou fait des dégâts… Avec l’un de mes compagnons nous creusons l’écart avec le reste de notre petit groupe pour retrouver deux autres concurrents. « C’est l’Alpe-d’Huez ! » dira l’un d’eux, en référence aux nombreux lacets qui jalonnent notre chemin.
Le col est passé (4h00) et je me fais alors distancer par mon compagnon. Mais je relance et, sans le récupérer, parviens à mon tour à partir devant les autres. Je ne serai plus rejoint jusqu’à l’arrivée. Cette descente vers Mons me semble malgré tout interminable. Les genoux commencent à être douloureux. Je manque même m’éclater la malléole en roulant sur une pierre. Pourtant, je me surprends à dépasser plusieurs coureurs du 21 km.
Mais la chaleur grimpe : il est environ midi et demi et l’altitude descend irrémédiablement. A la sortie de la forêt de châtaigniers, c’est la double peine : soleil et bitume pour les ultimes hectomètres. Je reste très vigilant, je ne veux pas perdre de vue les balises : un rapide coup d’œil au pointage d’Héric me positionnait dans les 45 premiers. Avec les coureurs dépassés depuis (sans les compter), j’espère encore finir dans les 40.
Puis c’est la dernière ligne droite, une accélération et l’arrivée. J’arrête mon chrono, je marche pour récupérer et qui vois-je arriver ? Mon oncle ! Belle surprise… Il a l’air un peu impressionné et me dit que j’ai fait une bonne course : il m’annonce que je suis 40ème sur 164 partants. Je regarde mon chrono : 4h32’25”. C’est parfait pour moi, je n’espérais pas tant (enfin si, un peu, secrètement).
Mais le plus dur n’est pas passé : le speaker me voit et m’interpelle pour me poser quelques questions sur le trail. J’ai beau résister, il insiste le bougre. Je baragouine quelques mots : « Magnifique [blablabla]… Caroux [blablabla]… Tourbière [blablabla]… Parcours technique [blablabla]… Relief méditerranéen [blablabla]… Mouflons [blablabla]…Super trail [blablabla]… »
Il me remercie et je file vers la salle pour voir de quoi est composé le repas. C’est ma seule déception : de la viande et des légumes accompagnés d’une sauce grasse… Très peu pour moi !
Je rentre donc à Mauroul pour me préparer un bon repas de récupération et dormir un moment !
Un trail magnifique qui constitue pour l’instant ma plus belle course.

PS : à Colombières, mon oncle est arrivé à 9h47 et m’a donc raté de … 2 minutes !

dimanche 4 juillet 2010

Corrida de Toulouse, 10 km

Que ce modeste 10 km toulousain fut éprouvant !
D'abord par la chaleur qui régnait sur la ville rose. Plus de 25/26° en ajoutant la restitution calorifique des bâtiments, l'impression d'étouffement m'a vite gagné.
Ensuite par la fatigue accumulée ces derniers temps. En intégrant cette épreuve dans ma semaine d'entraînement, après une séance de VMA mardi soir, une séance d'une heure d'endurance à jeûn jeudi matin, une sortie longue vendredi (2h, 16 km et 700 m de D+), je savais que j'allais souffrir, mais je ne pensais pas à ce point.
Enfin par le parcours, rarement vraiment plat. Je connais bien le centre-ville de Toulouse, mais j'avais "oublié" que, en fait, ces tout petits faux plats n'avait de charme que parcourus en... marchant !
Après un court échauffement (il fait déjà tellement chaud à 20h20) de 10 minutes, je m'installe sur la ligne de départ déjà bien garnie. Mon intention est de ne pas être trop loin pour ne pas subir d'embouteillage au démarrage et virer au mieux au bout de l'avenue Alsace Lorraine. Au coup de feu, je pars vite. Quelques slaloms, quelques pas sur les trottoirs et le peloton s'étire. C'est moins le troupeau que j'imaginais et c'est de bon augure pour ce premier kilomètre. Que je boucle d'ailleurs en 4'08", un temps bien rapide pour mes modestes qualités de coureur.
D'ailleurs, je ralentis ensuite pour ne pas me mettre dans le rouge. Arrive la place Saint-Pierre et la descente vers le quai de la Daurade. Le deuxième kilomètre est assuré en 4'21" et je frise la correctionnelle en dépassant de trop près un concurrent qui manque me faire un croche-pied ! Je peste intérieurement mais plus de peur que de mal.
Le long de la Garonne, Quai des Tounis, tout va bien ou presque. Je sens que les sensations sont moyennes. Confirmation sur le chrono puisqu'il me faut 4'30" pour boucler ce troisième kilo.
Arrive ensuite toute la remontée vers la place du Capitole par la place des Carmes, la rue des Filatiers, la rue St-Rome et leurs pavés. C'est sympathique, beaucoup de monde sur les terrasses des restaurants nous encourage... C'est ma foi bienvenu : le quatrième kilomètre est un calvaire (4'48") alors que le cinquième me voit reprendre du nerf (4'07").
Le doute s'installe quand même dans ma petite tête. Je suis plutôt un coureur qui sait tenir un train et là, une telle fluctuation dans les temps de passage me laisse pantois sur les bornes... La suite du parcours me confirmera mes interrogations.
Pour la première fois sur une épreuve de 10 km, je me ravitaille. J'attrape une petite bouteille d'eau place du Capitole, m'en verse la moitié sur la tête et boit 2-3 gorgées pour me rafraîchir le gosier. C'est bon !
La suite du parcours emprunte la rue du Taur et l'on contourne par la droite la basilique St-Sernin. Au niveau de la place St-Pierre, l'itinéraire repique dans la rue Pargaminière pour revenir place de la Daurade et reprendre le parcours de la première boucle.
Je passe le sixième kilo en 3'41" !!! Impossible, c'est beaucoup trop rapide.
La borne du 7ème kilomètre m'échappe et au 8ème, mon polar m'indique 8'47" pour les deux derniers, soit 4'24"/ kilomètre.
Soit la fatigue a eu raison de moi, soit je suis aveugle mais je rate encore une borne, celle du 9 km. Pas grave, on est dans la remontée vers le capitole où se joue l'arrivée. J'accélère (enfin, j'ai l'impression) et boucle mon 10 km en 43'58" à mon chronomètre. C'est mon meilleur temps sur cette distance, mon objectif est rempli malgré la chaleur et la fatigue.
Drôles d'impressions toutefois sur ce 10000. Une sensation d'étouffement dans la ville à cause des passage dans des rues étroites aux bâtiments élevés ; des faux-plats qui cassent souvent le rythme ; un public parcimonieux mais encourageant.
Mieux en forme, j'aurais certainement beaucoup plus apprécié la course. Mais le parcours est quand même très beau.
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Mise à jour suite publication officielle des résultats : 44'13", 209/1370, 115è SE/469.