vendredi 15 juillet 2011

Trail de la Restonica, 68 km, 5000m D+

Ce fut vraiment un superbe trail ! Certes je connaissais quasiment tout le parcours pour y avoir à certains endroits plusieurs fois randonné. Mais le plaisir de courir (quand c'était possible) sur un tel tracé ne peut laisser indifférent.

Après avoir récupéré mon dossard, le 78, et le panier garni qui l'accompagnait le vendredi, je prépare consciencieusement mon sac en tenant compte du fait qu'aux Bergeries de Grutelle (km 40 env.) j'aurai l'occasion d'être ravitaillé par la famille, venue en nombre.

Une sieste minimale la veille et un sommeil perturbé ne me rendent pas d'humeur très enthousiaste quand le réveil sonne à 3h30. Je bois mon thé et mange mon gâteau énergétique avant de prendre la route de Corte. Je laisse la voiture de ma soeur sur le parking du cinéma et rejoins le départ en marchant, tranquillement. Je suis rejoint par un autre concurrent qui m'aborde en me parlant de mes bâtons ! De fil en aiguille, nous nous apercevons que nous sommes tous deux "originaires" de Toulouse. Connaissant cependant bien mieux le terrain du jour, je peux lui donner quelques informations, notamment sur les premiers kilomètres.

La feuille de départ signée, le peloton de 127 coureurs se présente sous l'arche, cours Paoli. Dawa Sherpa, grandissime favori, est là et remercie l'ensemble de l'organisation et des bénévoles avant de souhaiter bonne course à tout le monde.

De Corte (km 0) au Refuge de Sega (km 15)

Le départ est enfin lancé. Il est 5h et je souhaite bonne course à mon camarade croisé quelques minutes auparavant. Le ton est donné dans les premiers mètres : on grimpe les fameuses marches cortenaises, celles qui ne permettent jamais de trouver une vraie cadence. Trop profondes pour n'effectuer qu'un pas sur chacune, elles ne le sont pas assez pour en faire deux ! Mais ça ne dure pas. Nous arrivons sur le parking du musée et je sais que nous allons très vite entamer la longue montée vers l'arche de Scandulaghja et les bergeries de Padule. Je dépasse alors un groupe de plusieurs coureurs pour ne pas être dans les bouchons.

Et les hostilités commencent vraiment ici. Je connais la montée, elle est rude. Quelques coureurs portent la frontale mais le sentier est évident et le jour se lève. Je ne m'enflamme pas mais je sens que les jambes répondent. Compte tenu de mon sommeil des jours précédents, je suis étonné ! A l'occasion du premier petit replat, je dépasse un nouveau petit groupe de 5-6 coureurs pour recoller aux concurrents déjà partis plus vite. Je rebouche le trou et fais une partie de la nouvelle portion avec un coureur qui me dit qu'il s'est mis "en mode gestion" ! Je lui donne raison, la course est encore longue, nous n'avons pas encore parcouru 2 kilomètres !

Les positions semblent, à mon niveau, déjà établies. En tout cas, je ne suis dépassé que par un ou deux concurrents avant le Col de la Croix (1100) et moi-même n'en dépasse qu'un ou deux. Le terrain, couvert maintenant par les pins laricci, est moins pentu mais davantage minéral. Encore 200m de D+ avant de basculer vers l'arche de Scandulaghja, atteinte en 1h20. 1000m de D+ et "seulement" 4 km de course. Bienvenue en Corse !

Un dernier coup de cul nous mène au col (1660) avant les bergeries de Padule (1610) en léger contrebas. Un ravitaillement et un contrôle y sont installés mais je ne m'y arrête pas. J'ai décidé avant la course de tenir jusqu'à Sega. Ma poche à eau n'est pas vide, je remonte donc la piste qui emmène l'ensemble des coureurs au col de Canaghia (1815). Dans cette montée, je dépasse un ou deux coureurs. Les sensations sont toujours bonnes. Au col, je sais qu'une descente vers les bergeries de Conia (1593) est le préambule à un long morceau de piste plutôt horizontal. J'entame la descente de manière plutôt raisonnable. Je dépasse un coureur mais me fais au même moment absorber par un fou furieux...

Au départ de la fameuse piste, un vététiste venu encourager le peloton me dit que je me situe aux environs de la 40ème place. Je me pensais un peu plus devant mais je me dis que la course est encore très longue (nous n'en sommes qu'au 8ème kilomètre) et que, évidemment, rien n'est joué.

La piste nous permet de courir (enfin) un peu. J'avais estimé sur le papier sa longueur à 4-5 km, soit une petite demi-heure de course. Me sachant parti pour 12 à 14 heures d'effort, je décide donc de ne pas courir sur toute sa partie mais de marcher de temps à autre afin de récupérer et de préserver la machine. Cela ne m'empêche pas de rejoindre deux concurrents et de les dépasser. Rapidement, en tout cas plus rapidement que ce que j'avais estimé, la descente vers Sega se présente : 400m de D- sur un sentier pierreux et piégeux, envahi à certains endroits par des racines. Un local que j'avais dépassé sur la piste me repasse devant, comme une bombe. Je me dis que j'ai vraiment des progrès à faire en descente, je suis incapable de suivre ce rythme. Malgré tout, j'essaie de rester concentré et de descendre le plus vite possible quand tout à coup, quelques minutes avant Sega, je me prends le pied contre un caillou ou une racine et m'étale de tout mon long, les mains en avant dans le vide pour retomber en glissant sur des pierres. Je peste et me relève rapidement pour contrôler l'étendue des dégâts. Les genoux sont en sang, le tibia gauche et l'intérieur de la main gauche aussi. Les deux épingles supérieures de mon dossard ont sauté. Heureusement, je ne ressens quasiment aucune douleur. Je ramasse mes bâtons et repart illico. Le terrain découvert de la piste et des premiers hectomètres de la descente laisse place à une forêt de pins dans laquelle il fait frais. Je sais que je me rapproche de la Sega, je me dis que je ferai le point là-bas.

Effectivement, quelques minutes plus tard, c'est le premier gros point de ravitaillement. Je suis surpris, j'attendais un poil plus de monde. A peine arrivé, un bénévole se propose de me désinfecter. Je ne refuse pas. Un autre me tend une bouteille d'eau et remplit ma poche. Je sors une barre et en mange la moitié. Je refuse le saucisson et le fromage et les remercie chaleureusement pour leur aide. Et je repars, toujours sans douleur.

Du refuge de Sega au Lac de Ninu

A partir de là et jusqu'à l'arrivée, je connais tout le parcours à l'exception du sentier entre Grutelle et le départ vers Alzu. La remontée du Tavignanu est assez souple et se déroule tout d'abord à l'ombre, le long du cours d'eau. Un coup d'oeil à la rivière et aux magnifiques piscines naturelles me fait penser que j'aurais peut-être mieux à faire qu'à courir... Mais non ! Il faut continuer. Quelques randonneurs m'encouragent. Peu à peu je rattrape un groupe de coureurs et me fais également dépasser par une féminine et un local. Mais je tiens le ryhtme et parviens même lorsque la pente se redresse à prendre un peu le large. Les positions commencent à s'établir et au niveau des bergeries de Ceppu (1608), je mets un petit coup d'accélérateur. Je ne reverrai pratiquement aucun de ceux que je laisse ici, à l'exception du dossard numéro 10 (Vincent) avec qui je courrai quelques kilomètres.

Peu après Ceppu, je rejoins puis dépasse un coureur qui m'avait passé à l'arche de Scandulaghja. C'est bon signe, je le sais. Le terrain, dans une forêt de hêtre, impose une certaine vigilance : racines, pierres et feuilles sont autant de chausse-trapes à éviter ! Vincent reste dans ma foulée. Nous rejoignons puis dépassons le fou qui m'avait passé comme une balle dans la descente de la Sega. J'apprendrai plus loin qu'il s'appelle Hyacinthe et je ne sais pas encore que nous allons passer tout le parcours à nous dépasser régulièrement !

Cette partie plutôt plate mais plutôt inconfortable laisse ensuite place aux prairies qui annoncent le Lac de Ninu (1743). Quel plaisir de courir sur une herbe tendre. Je garde ma petite foulée, Vincent dans mon "sillage", deux concurrents en point de mire. Le long du lac je les passe, toujours avec Vincent. Je vois du coin de l'oeil le ravitaillement et le point de contrôle, qui se trouvent au niveau de la petite fontaine. Je m'y dirige alors que 2 chevaux et deux ânes, accompagnés, descendent de Bocca Stazzona. Un gars se précipite vers nous et nous dit : "Passez entre les chevaux, et souriez, on va vous prendre en photo pour le journal." Ok, on obtempère et nous voilà entre les équidés. Clic-clac, c'est dans la boîte !

Je m'arrête à la fontaine et sors la poche à eau. Je fais le plein, y verse ma poudre. Vincent me lance : "Sympa ta petite foulée économe !
- Oui, c'est vrai, merci !
- J'ai du mal à te suivre dans les montées.
- C'est ce que je préfère ; par contre, les descentes c'est pas vraiment mon truc et je crains celle de la brèche de Capitellu jusqu'aux bergeries de Grutelle."
Je m'énerve un peu contre les sachets de poudre que j'ai du mal à verser à cause de mes mains mouillées. Au moment de repartir, je propose à Vincent de se joindre à moi. Il accepte et me dit de le suivre.

De Ninu aux Bergeries de Grutelle

Malheureusement, et bien que le sentier s'y prête, je n'arrive pas à garder son rythme. Je préfère ne pas le rattraper et m'économiser. Nous sommes maintenant sur le GR20 et environ 4 kilomètres nous séparent du début de la montée vers la brèche de Capitellu. Je rejoins un coureur, reste avec lui jusqu'aux bergeries de Vaccaghja (1621). Vincent et un autre concurrent, le dossard 48, sont devant. Je finis par distancer mon éphémère compagnon et je rejoins encore Vincent au petit ravitaillement de Manganu (1601) au moment où le 48 repart.

Là encore, les bénévoles sont vraiment très sympathiques. On nous propose un peu de tout mais je me rue sur la Zilia pétillante, un peu de Corsica Cola et des abricots secs. Je ne refais pas le plein de la poche à eau, estimant que je peux tenir jusqu'au prochain petit ravitaillement situé peu après la brèche.

"Là c'est pour toi, me lance Vincent !
- Oui, j'attends ce passage avec impatience ! Mais méfie-toi, ça grimpe vraiment bien, surtout à la fin.
- On en a pour combien ?
- Ca fait environ 650 m de déniv'.
- Vas-y, ne m'attends pas.
- OK, à plus alors."

Je continue donc seul. Impossible de courir, excepté sur de très rares et courtissimes portions de plat. Le 48 se rapproche mais pas de façon très sensible ! Je me retourne de temps en temps, ça va, personne ne me rattrape. Malgré la taille des marques du GR, je prends quelques fois des sentiers parallèles. C'est comme ça que, rattrapant enfin le 48, je me fie trop à sa montée et en oublie de lever les yeux. Il s'égare, je m'en rends compte, l'en informe et nous voilà sur le bon chemin. Ce petit "écart" va me permettre de le dépasser.

Un coup d’œil à ma montre et je m'aperçois que je suis un peu en avance par rapport à ce que je m'imaginais. Je prends mon téléphone et appelle ma sœur pour lui annoncer que je serai en avance à Grutelle ! Ca ne passe pas super, mais ça passe ! J'entends de son côté : "Le pauvre, il téléphone en courant !"

La montée vers la brèche, point culminant du GR 20 et du trail, est rythmée par les cris d'encouragement des bénévoles. J'ai beau connaître le terrain, difficile, je sais que la suite, la descente vers les lacs, est encore pire.

Ca y est, c'est la brèche, altitude 2225. On scanne ma puce, on note mon dossard. Cela fait 6h47 que je cours. Je demande alors à quelle place je suis. La bénévole qui tient le classement me répond : "30ème!
- Super ! Il y a un ravitaillement ?"
J'ai besoin de boire et de remplir ma poche.
" Un peu plus loin, me répond-on.
- OK, merci !"

Je repars et rattrape très vite un concurrent. Le trail est toujours sur le GR20 et devient franchement limite à ce moment. On surplombe le lac de Capitellu. Ca descend bien droit sur des rochers. On passe une cheminée, équipée d'une chaîne. Ca glisse, je manque régulièrement m'affaler. Je commence un peu à fatiguer et la concentration devient moins bonne. Je croise un groupe de quelques randonneurs qui me demandent s'il y en a encore beaucoup derrière. Une centaine ! je leur réponds.

On quitte alors la crête pour piquer directement vers le lac de Capitellu. Une corde est installée tout le long. Je suis tellement concentré sur ma course et sur les appuis, fuyants, glissants que je ne vois pas le ravitaillement. Du haut du couloir que l'on doit dégringoler, le lac de Capitellu se fait désirer. J'entame cette descente toujours de manière prudente. Je suis vraiment fatigué et je n'ai plus trop confiance dans mes appuis. Effectivement, je suis au ralenti. J'utilise parfois la corde mais le plus souvent je pose les mains sur les rochers. Mes bâtons me gênent.

Quelques centaines de mètres avant le lac, j'entends venant de la droite, du couloir que je viens de passer, le bruit de quelqu'un arrivant à toute berzingue ! Je reconnais Hyacinthe. Quel dingue ! Je l'encourage, lui aussi, mais il prend très vite ses distances.

Au niveau du lac, je m'aperçois alors que je n'ai plus rien dans la poche à eau. C'est la poisse. Je suis fatigué, ça tombe vraiment mal, d'autant que le prochain ravitaillement est aux Grutelle, dans une petite demi-heure. Le terrain reste instable et mes sensations ne me permettent pas d'être serein. Juste sous le déversoir du lac, je suis de nouveau dépassé par un coureur torse nu. Rien ne va plus... Vivement le ravito ! Entre Melu et Capitellu, c'est le 48 qui me rejoint. On reste ensemble un petit moment. Arrive enfin Melu (1711). Je m'abreuve directement dans le lac. Ce n'est pas conseillé, mais j'ai très soif.

Pour rejoindre Grutelle, je demande aux bénévoles qui sont là si l'on passe par les échelles. Non. Ouf ! J'en ai assez des passages scabreux. N'empêche, cette partie à venir ne me plaît pas non plus. Je sens la fatigue vraiment me gagner et je vois bien que c'est la cause de ces très mauvaises sensations. Le 48 commence à me distancer. On coupe de nouveau la rivière. Je bois encore ! Grutelle finit par se rapprocher.

Et je finis par y arriver. Tout le monde (ou presque) m'y attend, les enfants, la famille ! Je refais le plein, bois énormément d'eau gazeuse, change les gels, vide mes poubelles. C'est un "gros ravitaillement". Je prends même une bonne soupe aux vermicelles, chaude et salée. Un délice. Mais toujours pas de saucisson ou de fromage.

Et pendant ce temps, un bénévole très attentionné me nettoie encore les plaies aux genoux. Je discute un peu, explique ma course, dis que je suis plutôt bien sauf sur cette descente. Je suis en avance sur mon estimation moyenne. Sentant que j'ai besoin d'un peu de repos, je prends quand même mon temps. Mais je finis par repartir.

De Grutelle à Alzu

Prochaine "étape", le plateau d'Alzu. Je sais que Lionel et Catali, accompagnés d'Angela, m'y attendent. Ils seront là avec une bouteille de St-Yorre ! A peine reparti des Grutelle, j'y pense déjà. Mauvais signe. Quelques mètres de goudron et les bénévoles m'indiquent un sentier, pas très bien balisé. On passe la Restonica que le tracé suit rive droite. Devant moi, une féminine. L'écart reste stable. Au pont de Grutelle, on passe rive gauche. Le sentier reste sous bois, à l'ombre. Tant mieux, il commence à faire chaud. La féminine reste toujours devant, de quelques mètres.

La descente n'est pas franche. On remonte un peu par à-coups mais l'on perd de l'altitude. Au croisement d'un affluent de la Restonica, la féminine s'arrête pour se rafraîchir. Je la dépasse. Elle reste derrière, à une cinquantaine de mètres. Et on arrivera comme ça, ensemble, au ravitaillement du pont de Tragone (940).

Le dossard 48 y est également. Je bois de l'eau pétillante et me rafraîchis un peu. J'ai vraiment chaud et, malgré la descente et le rythme que j'ai tenu en courant, je n'ai pas de très bonnes sensations. N'empêche, il faut maintenant attaquer la dernière difficulté, la montée au plateau d'Alzu. Je la connais quasiment par coeur et elle ne me fait pas peur.

Nous repartons donc tous les trois, la féminine, le 48 et moi. La féminine, locale, avait confié aux bénévoles qu'elle n'était vraiment pas en jambes. C'est donc sans surprise qu'elle ferme la marche, menée par le 48. Moi, je sens que je ne peux pas aller plus vite mais j'arrive à suivre. Plus de 700m de montée s'offrent à nous. Notre petit peloton, groupé, reste sur le sentier, et ne coupe quasiment aucun virage. J'en prends à un moment la tête, dans la première moitié. Rapidement je lâche et laisse passer mes deux compagnons. Non, cette ascension, pourtant magnifique, ne me remonte pas le moral.

La féminine et le 48 prennent un peu d'avance. Mais, progressivement, je sens que la forme pointe de nouveau le bout de son nez. J'arrive à trotter sur les rares portions plates et j'allonge la foulée dans les pentes. Mes compagnons restent à une distance honorable et je ne décroche pas. Je maintiens même l'écart et parvient finalement à me rapprocher. On est maintenant sous le plateau, là où les pins ont disparu, où il n'y a plus d'ombre. Je sais que l'arrivée en haut est très proche et je pense encore à Lionel. Sera-t-il bien là ? Je lève un peu les yeux pour mesurer le dernier effort avant de basculer et je vois que, outre mes deux compagnons du jour, un troisième larron, tee-shirt blanc, est juste devant. Tout va bien, donc, je ne suis pas le seul à souffrir, je dirais même que certains souffrent plus que moi...

Enfin, les bergeries de Cappellaccia (1650). Tout le dénivelé positif de ce trail est passé, à l'exception de quelques menues "rampes" le long du Tavignanu., à venir. Il reste un petit kilomètre avant le ravitaillement, à plat, en légère descente même. Je me remets donc à courir. Très vite, j'aperçois la silhouette de Lionel, Catali et Angela ! Ils sont là. Je m'arrête et laisse donc filer mon petit peloton, rattrapé dans les derniers mètres de l'ascension au plateau. On devise beaucoup, on parle du trail, de ceux qui sont passés. J'avale les 3/4 de la bouteille de St-Yorre et laisse mes bâtons, devenus inutiles, à Lionel. Je les récupérerai à l'arrivée, ils me promettent d'y être.

Je repars au bout de 4-5 minutes pour m'arrêter quelques centaines de mètres plus loin au ravitaillement d'Alzu. Un contrôle y est effectué : j'en suis à 10h24' de course. Le 48 en repart juste et la féminine décide de s'y arrêter pour se faire masser. Quant à moi, je remplis ma poche à eau, bois un peu de coca et d'eau et mange quelques abricots secs. Le bénévole me lance : "Ca va aller ? Pas la peine de courir de risque maintenant !"

Et je repars, le remerciant du conseil et pour le ravito.

Du plateau d'Alzu à Corte

A partir de maintenant, mon objectif est de ne pas perdre de place. Dès les premiers mètres, je vois que je vais beaucoup mieux que lors de la descente des lacs jusqu'à mi-pente d'Alzu. Les sensations des derniers hectomètres de la montée ne m'ont donc pas trompé. 1000 m de descente et une petite quinzaine de kilomètres me séparent de l'arrivée.


Je cours donc dans cette belle descente, sur un sentier très rapidement à l'ombre des Lariccii, le long du Catagnolu, affluent du Tavignanu. Je coupe quelques lacets par moments, preuve que mes cuisses sont encore capables d'encaisser les chocs. Personne devant, personne derrière. Je retrouve le sentier du Tavignanu. Quelques petites remontées, histoire de casser le rythme de la course, mais histoire de récupérer aussi un peu.

Puis j'entends des bruits de pas derrière moi. Je me retourne, c'est la féminine. Grrr, elle me rattrape. Je ne comprends pas. Même si je ne suis pas un grand descendeur, j'ai quand même l'impression d'être allé assez vite. Elle ne me dépasse pas, et on arrive ensemble au ravitaillement de la passerelle de Russulinu (760).

Surprise, Hyacinthe et le 48 y sont également. Ils étaient partis 4 à 5 minutes avant moi d'Alzu ! Cela confirme ma belle descente et la encore plus belle de la féminine. Ces deux-là repartent vite en nous lançant "Et c'est pas la peine d'essayer de nous rattraper !"

J'entame la conversation avec la féminine et on repart ensemble. Mais je sens très vite qu'elle a de bien meilleures jambes que moi sur cette fin de course. Je lui dis donc d'y aller. Avant de prendre les devants, elle s'inquiète d'abord de savoir si j'ai de quoi tenir jusqu'au bout ! Je lui dis que oui et elle part. Je ne la reverrai pas et sur cette dernière portion de 7 km, elle mettra 7 minutes de moins que moi...

Je continue donc à courir à plat et en descente, je marche dans les petites remontées, dépasse quelques touristes de retour d'une virée dans les gorges du Tavignanu. Un dernier ravitaillement, à 5 kilomètres de l'arrivée me surprend. De nombreux bénévoles y sont. Au moment où je m'apprête à enlever mon sac pour en sortir mon écotasse, la bénévole me dit : "Ououh, allez, buvez à la bouteille, je viens de l'ouvrir !" Puis elle me propose de me rafraîchir : "Une douche à la Zilia, c'est bien non ?" C'est sûr, c'est très rafraîchissant : il est près de 17h et le coin est toujours très chaud ici en été. D'autant que depuis la passerelle, nous sommes sortis de la forêt. Plus d'ombre...

Et je reprends la course une dernière fois. Je sais maintenant que c'est dans la poche. Ma seule hantise est de voir encore quelqu'un revenir sur moi. Mais non, personne ne pointe le bout de son nez. Mieux, à un quart d'heure de l'arrivée, je repasse Hyacinthe, visiblement très émoussé. On fait quelques mètres ensemble mais à l'occasion d'un ultime rafraîchissement à une fontaine, je le laisse seul.

Ca y est, c'est Corte ! Je reprends pied sur le bitume, monte au Musée, traverse la cour, redescends par la Place Paoli. Puis c'est le cours, l'arche est en vue et il y a beaucoup de monde à la terrasse des cafés. J'accélère et passe, très heureux de ma course, l'arrivée. Les enfants et la famille sont là ! Sollicité, je donne une petite interview au speaker que j'ai déjà eu l'occasion de croiser maintes fois sur des trails dans le sud-ouest.

Ca  y est c'est donc fini. J'ai très vite le sentiment d'avoir bien réussi ma course. Mon temps est le meilleur que je pensais faire (je m'estimais entre 12 et 14h) et, bien que j'aie été assez fatigué en fin de course, je pense avoir bien géré mon effort. Je me suis très bien alimenté, tout est très correctement passé. Ma seule "erreur" aura été d'avoir raté un plein d'eau avant la descente des lacs. Enfin, il me faut absolument progresser en descente et, pour retarder les effets de la fatigue, effectuer plus régulièrement une sortie longue plus longue que celles que je cours d'habitude.

Enfin, assez pointilleux sur les chiffres, je relève que ce n'est pas 5000m de dénivelé que nous avons dû affronter mais "seulement" 3800. Quant au kilométrage, annoncé à 68, ma montre en a indiqué 65,5.

Prochain rendez-vous d'envergure : le Grand Raid des Pyrénées, 80 km, 5000m de D+, le 27 août prochain...

dimanche 3 juillet 2011

Trail de la Restonica

Voilà, c'est fait ! Après 12h22 de course, je termine 31ème bien content de ce résultat et du déroulement de cette épreuve.

Comme je m'y attendais, ce fut à la fois dur, superbe, technique, sauvage et physique.

Le compte-rendu détaillé, c'est pour bientôt.

En tout cas Dawa Sherpa n'a pas chômé puisqu'il remporte ce trail en 8h25, établissant le meilleur temps. Respect.

vendredi 1 juillet 2011

Hospitalité corse

Eh oui, voici en photo les "petites choses" offertes aux inscrits du Restonica Trail :
- une saucisse corse
- un vin
- une Pietra, délicieuse mousse insulaire à la châtaignes
- un petit pot de miel local
- quelques échantillons de biscuits et nougats d'ici
- un très beau tee-shirt technique Salomon noir

Mais j'attendrai un peu avant de manger tout ça !